Par Alice Canet – www.alice-canet.eu

 

Je vous présente ici les 4 types de conditions qui, réunies, permettent à la médiation de fonctionner, c’est-à-dire de véritablement permettre aux parties à la médiation de créer leur solution parfaitement adaptée à leur situation, et qui est gagnante pour tout le monde.

 

 

 

1. Les conditions liées aux parties médiées

 

 

La médiation ne peut fonctionner que si les personnes venant en médiation sont :

  • libres : la médiation est un processus volontaire. D’accord, vous n’y allez pas par plaisir. Vous avez toujours la possibilité de l’arrêter ou de ne pas y retourner. Comme chez le dentiste. Vous y allez volontairement, parce que vous voyez l’intérêt que ça représente de créer avec l’autre et l’aide d’un médiateur une solution acceptable pour tous.

 

  • capables de décider : les parties en médiation doivent pouvoir être capables de décider par elles-mêmes ce qui est bon pour elles. Cela pose la question des violences et de la capacité psychique. La médiation entre conjoints ne peut pas être ordonnée en cas de violences conjugales par exemple. Mais personnellement, comme avocate, à partir du moment où la violence ne peut plus s’exercer, je vois la médiation comme un moyen de redonner à chaque le pouvoir de décision ; de redevenir acteur de sa vie. Il faut biensûr que les parties en aient aussi l’envie.

 

  • orientées vers un accord : la médiation n’est possible que si les parties présentes sont orientées vers l’avenir, et pas uniquement sur se plaindre du passé, et que si les parties sont d’accord pour chercher une solution qui sera acceptable non seulement pour elles, mais aussi pour l’autre ou les autres personnes en conflit.

 

  • ouvertes : à ce que la solution finale ne soit pas celle qu’elles ont en tête au début du processus ; à écouter ce que l’autre personne a à dire ; à dire à l’autre ce qui est important pour elle.

 

  • informées : les parties en médiation ne peuvent librement décider de la solution convenable à leur situation que si elles sont parfaitement informées, en droit et en fait. Il est donc absolument nécessaire qu’elles aient toutes les informations juridiques, en ayant été conseillées par un avocat et en continuant de l’être au moment de valider l’accord final. Il est également important que les parties s’engagent à se communiquer les éléments importants pour pouvoir prendre une décision acceptable (par exemple les budgets des deux parents, pour une question de pension alimentaire).

 

Ne vous posez pas la question de savoir si l’autre personne correspond à ces points.

Mais prenez le temps, vraiment, de répondre à ces questions, pour vous :

Souhaitez-vous, vraiment, trouver une solution acceptable pour tous au conflit que vous vivez ? 

Etes-vous prêt, vraiment, à dire ce que vous avez à dire et à écouter ce que l’autre a à dire?

Etes-vous prêt, vraiment, à chercher une solution qui soit acceptable pour vous, et pour l’autre ?

Avez-vous actuellement tous les éléments d’informations dont vous avez besoin pour pouvoir vous décider ? (si ce n’est pas le cas, la médiation peut également être l’endroit pour les obtenir.)

 

Si la réponse a ces questions est “oui”, alors félicitations ! Vous pouvez envisager de faire une médiation ! 🙂

 

 

2. Les conditions liées au médiateur

Il doit être :

  • dans le non-jugement : au sens propre : il ne décide rien. Et au sens figuré : il ne juge pas les personnes assises en face de lui.

 

  • omnipartial : là pour comprendre chaque partie, et permettre à chaque partie d’avoir une solution qui soit bonne pour elle.

 

  • indépendant : il ne dépend de personne. Même s’il est payé par un chef d’entreprise, ou s’il a été désigné par un juge, il ne rend pas compte de ce qui se passe en médiation.

 

  • neutre : vis-à-vis de la solution que les parties peuvent trouver.

 

  • formé et éthique : avec une formation initiale et une formation continue, des échanges de pratique, etc. et s’obligeant au respect de règles déontologiques. Tous les avocats médiateurs référencés par l’Institut de Justice répondent à ce critère.

 

  • sachant technique ? Il n’est en principe pas nécessaire de connaitre la technique de l’objet du conflit (l’immobilier pour un litige de construction ou entre voisins, la famille pour un litige familial, etc.) pour être un bon médiateur, puisque l’avis du médiateur n’est pas important. Cela n’est pas nécessaire dès lors que personne d’autre que les parties ne connaît mieux leur situation concrète. Et qu’en cas de besoin d’information technique complémentaire, il est possible de demander l’expertise d’un avocat ou d’un expert. Par ailleurs, le fait de ne pas connaître la matière permet de poser des questions différentes, qui permettent de donner un autre éclairage au litige et ainsi en permettre sa résolution. Cependant, avoir un médiateur “du domaine” peut apporter de la confiance aux parties, et au médiateur. Le plus simple est de demander directement au médiateur envisagé s’il se sentirait à l’aise pour faire votre médiation !

 

  • avocat ? Il n’est pas nécessaire d’être avocat pour être médiateur. D’autant qu’en principe, le médiateur ne donne pas de conseil. Je fais personnellement l’expérience que les médiés apprécient d’avoir une information juridique pendant la médiation, et que le fait que je puisse rédiger leur acte d’accord à la fin de la médiation les rassure également. Ce n’est pas 100% conforme à la théorie de la médiation, mais c’est pour eux une plus-value. Et pour moi, c’est l’alliance parfaite du droit et de la médiation, au service de toutes les parties. Là encore, vous pouvez simplement demander au médiateur comment il ressent les choses, et quelles sont ses limites.

 

  • garant du cadre : le médiateur doit s’assurer qu’en tout instant, les conditions de la médiation sont réunies, par rapport aux médiés (point 1.) et par rapport au processus de médiation (point 3.). Que les parties en médiation sont toujours bien ouvertes à une solution et dans la recherche d’une solution gagnant-gagnant pour l’avenir. (Et au besoin leur indiquer le chemin pour revenir dans cet état d’esprit. Que la confidentialité est garantie, etc.

 

 

3. Les conditions liées au processus de médiation 

 

 

La médiation est :

  • confidentielle : par principe et par essence. Les personnes présentes en médiation peuvent lever cette confidentialité, en totalité ou en partie, selon leur accord.

 

  • structurée en phases : la médiation fonctionne, en permettant de créer une solution véritablement acceptable par tous, en passant par 4 phases :
    • la description (rapide) du conflit et l’identification des questions à régler en médiation
    • la compréhension de ce qui est vraiment important pour chaque partie
    • l’élaboration de pistes de solution,
    • la décision sur l’accord final.

 

  • avec des outils de communication : la communication que vous avez avec l’autre partie ne vous a pas permis de vous mettre d’accord jusque-là : le médiateur va utiliser des méthodes de communication tout au long de la médiation pour permettre que cette fois-ci, ce soit différent. (Mais vous ne vous en rendrez peut-être pas compte!)

 

  • et potentiellement de la créativité : ici aussi, il s’agit de permettre à une nouvelle réalité de se créer : de passer de l’échange conflictuel d’arguments en parties de solution. Personnellement, je ne peux pas faire de médiation (ou même de conseil comme avocate), sans utiliser des méthodes … comment dire ?  … plus ludiques ? créatives ? percutantes ? …. différentes en tout cas!… Mais ça m’est peut-être vraiment personnel.

 

4. Les conditions liées au cadre concret de la médiation

Si toutes les conditions théoriques précédents sont réunies, c’est super ! Cela veut dire qu’une médiation est possible dans votre cas ! Il ne reste “plus qu’à” déterminer les conditions précises !

  • quand ? PS : Celui qui ne veut pas, trouve des excuses, celui qui veut, trouve un moyen.

 

  • quelle durée ? Cela dépend des situations, biensûr. Généralement, en 2 réunions de 3 heures, les parties ont beaucoup avancé, à la fois dans la relation et dans les pistes de solution. La médiation est donc généralement très rapide.

 

  • où ? En ligne ou en présentiel ? Cela dépend des situations, de nouveau. Que tout le monde soit réuni au même endroit au même moment est idéal. Lorsque cela est trop compliqué, la médiation en ligne est également une bonne option. (Plutôt pour lorsque la confiance est de nouveau recréée.)

 

  • quel coût ? modique par rapport au coût d’un conflit non résolu ! D’autant que vous ressentirez tout de suite si la médiation apporte quelque chose ou non, donc vous ne risquez pas de “perdre” beaucoup de temps ni d’argent. Chaque médiateur a ses tarifs : demandez-leur directement.
    Un exemple : j’ai fait une médiation internationale en 2 x 3 heures de réunion, pour un coût total de 1.400€, à partager entre les parties. Elle a permis de régler un conflit devenu multiples procédures en 1 an 1/2, pour 72.000€ de frais d’avocat et de justice, rien que pour le père ! Les parties ont leur accord total et savent comment communiquer dans le futur.